jeudi 24 juillet 2008

Jean Terrien dit "Coeur de Lion"

ChouanNé à La Rouxière (Loire Inférieure) à la métairie du Bois en 1766, il vient avec son père en 1777 exploiter la métairie de Gâtine en Issé (dans le Pays de la Mée), terre noble, appartenant à Jacques Defermon des Chapellières : les propriétaires de cette métairie lui feront suivre des études au séminaire de Nantes qui ferme en 1790 durant la Révolution. A partir de 1793 Jean Terrien forma avec quelques amis, qui refusaient de servir dans la nouvelle armée de Napoléon, dont Jean Pacory "Coeur de Roi" un groupe assez important menant une guérilla dans la région entre Ancenis et Châteaubriant. Il en devint le chef sous le nom de "Coeur de Lion". Avec cette troupe, il avait formé une sorte de garde territoriale, qui joua un rôle utile pour modérer et même s'opposer aux réquisitions abusives des troupes prussiennes qui occupèrent quelque temps la région. Agitateur et guerrier infatigable il combat la garde nationale et, de guerillas en attaques, tente de rétablir la monarchie. Après une paix temporaire de 1796 à 1799 il attaque Nantes puis la sérénité est retrouvée en décembre 1799 par la paix de Pouancé.
Par la suite, il n'essaya pas d'entrer dans l'armée régulière, se contentant de présider des réunions d'anciens combattants royalistes en qualité de colonel honoraire. Sous le Ier Empire, Jean Terrien est marchand de bois à Nantes.
Anobli en 1820 "Ecuyer du Roi", Il aurait pu occuper un emploi administratif à Nantes, mais il préféra une situation plus indépendante et il accepta la charge de percepteur, ce qui d'ailleurs dans l'esprit et la pratique du temps était une place honorable. La perception de Riaillé le mettait dans un pays bien connu de lui et proche de sa famille paternelle de la Rouxière et de Maumusson, de ses cousins d'Issé et de la famille de sa femme native de la Haluchère au Grand-Auverné.
Il trouva à Riaillé de bons amis. D'abord le curé Joseph Prod'homme, ancien aumônier des chouans, la famille Huguenin et autres, mais aussi de solides ennemis parmi les anciens jacobins du pays et quelques militaires déclassés de l'armée impériale nostalgique d'un passé glorieux et farouches anti-royalistes. On voit mal le remuant et fougueux "Cœur-de-Lion" derrière le bureau d'un percepteur. C'est pourtant la situation qu'il occupa confortablement et sans histoire jusqu'au moment de la chute de Charles X à la fin de juillet 1830 et son remplacement par Louis-Philippe.
Jean Terrien, comme beaucoup d'autres n'accepta pas le changement et c'est pourquoi il quitta Riaillé…en emportant les registres et la caisse qui contenait 6.000 Francs, il estimait qu'ils appartenaient à l'administration du roi Charles X. Le 3 avril 1831, il envoya une de ses filles restituer le tout à l'Administration des finances, par l'intermédiaire d'un ancien maire d'Ancenis M. Rat d'Amblemont.
Cette restitution n'arrêta pas les efforts de toutes les polices de la région lancées contre lui. Dans l'impossibilité de mettre la main sur lui, on saisit son fils, Jean-Baptiste, âgé de 20 ans. Mis en prison le 23 mai 1831, le jeune homme accusé de complicité, fut acquitté le 14 juin suivant.
On retrouve Jean Terrien aux côtés des Chouans en rébellion contre Luois-Philippe en 1830. Cependant dans l'Ouest de la France, des attroupements se formèrent contre le roi Louis-Philippe, mais beaucoup moins importants que ne l'avaient espéré les légitimistes. "Cœur-de-Lion" comptait lever 2.000 hommes, il n'en rassembla que de 200 à 300, malgré les efforts de ses racoleurs dans les paroisses. Les autres chefs ne furent guère plus suivis, si bien qu'après le débarquement de la duchesse de Berry en 1832 et l'appel aux armes du 3 juin, les groupes d'insurgés peu nombreux et désunis se trouvèrent en situation désespérée face aux 60.000 soldats envoyés par le gouvernement.
Le 6 juin 1832, à 66 ans, il livra son dernier combat à Riaillé car la rébellion se termina avec l'arrestation à Nantes de la duchesse du Berry le 7 novembre 1932. Mais "Cœur-de-Lion" ne voulut pas se rendre. Il avait d'ailleurs tout à craindre de Demangeat le procureur de Nantes qui l'aurait envoyé au bagne. Par esprit d'apaisement, le gouvernement avait confié à la cour de Blois, moins motivée, le soin de juger les chefs des insurgés. Cette cour acquitta Jean Terrien en février 1834. Ce dernier sortit alors de la clandestinité où la police n'avait jamais pu l'atteindre.
Evidemment, il avait perdu sa place de percepteur, alors repris un commerce de bois et se fixa à Nantes, 17 rue Saint-André. S'il reparut parfois à Riaillé, c'était pour embrasser sa petite-fille Louise Huguenin, née du mariage de Hyacinthe Huguenin et de sa fille Jeanne Terrien, morte le 10 novembre 1832. Il mourut en 1855, à 89 ans.
Une Allée Jean Terrien a été dénommée le 23 janvier 1989. C'est une petite rue de Rennes, qui part de la rue Leguen de Kérangal, à gauche après la rue d'Aiguillon, dans le quartier des Champs Manceaux...

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